
Bonjour tout le monde,
Je m’appelle Antoine, j’ai 29 ans et je suis séropositif depuis juin 2012. Je connais bien Fred qui a créé et entretient ce site (à la perfection !) et on s’est rencontrés justement dans l’association AIDES.
Mais revenons au début. Lorsque je l’ai appris, j’avais donc 22 ans, je venais d’arriver à paris depuis deux ans et je n’avais fait mon coming out qu’un an avant. J’avais tout fait en accéléré : débarquer à Paris, faire mon coming out et peu de temps après : ma seroconversion.
Il faut savoir que mon homosexualité avait du mal à passer, je ne l’avais dit à personne, je savais pertinemment que je préférais les hommes mais j’avais énormément de blocage là dessus, ça me pourrissait réellement la vie au point de vouloir en finir (plusieurs tentatives de suicide). Je comprends d’ailleurs énormément ceux qui sont dans ce cas de figure, qui ne se voient aucun avenir et préfère en finir plutôt que de passer par l’étape « l’annoncer à tout le monde » etc.
C’est particulièrement difficile de voir le bout du tunnel mais on y arrive au final, petits pas par petits pas. Et lorsqu’on y arrive, le soulagement est immense et la vie peut reprendre le dessus, on peut envisager des projets, se (re)construire sur une base saine !
Ainsi j’ai commencé à explorer une vie sentimentale et, comme je fais les choses en accéléré, mon premier rapport « réceptif » a été couronné d’une seroconversion, et oui. Je m’en souviens comme si c’était hier. Environ 15 jours après, j’allais vraiment très mal, des courbatures énormes dans tout le corps, une fatigue épuisante… c’était quelque chose de très bizarre. J’étais en week end avec des amis pour leur faire découvrir ma ville natale en Normandie, et ils ont bien vu que je me trainais comme pas possible, que j’étais au bout du rouleau, cassé. Lorsqu’il sont partis en train le lundi matin, je me suis remis au lit, pour me réveiller… à 17h ! C’est là que j’ai compris que quelque chose ne tournait vraiment pas rond !
Je suis allé voir un médecin quelques jours plus tard, il m’a arrêté deux jours et m’a donné des vitamines entre autres, ce qui m’a soulagé dans un premier temps mais ce n’était pas encore ça… J’ai décidé de faire un test, sans en parler à personne. L’accueil du centre de dépistage où je suis allé était parfait, ils étaient compréhensifs, non jugeants, j’étais en confiance et je les remercie d’ailleurs.
Néanmoins comme mon rapport à risque remontait à une quinzaine de jours tout au plus, la médecin m’a prévenu que le résultat serait négatif, bien que le risque était très élevé (éjaculation a l’intérieur, ça ne pardonne pas). Lorsque j’ai été chercher les résultats, non pas une semaine après car j’étais en séminaire avec le boulot, mais deux semaines après : positif ! J’étais abasourdi sans être vraiment choqué, j’avais enfin la réponse de cet état grippal que j’avais eu, et je n’avais pas trop d’à priori sur cette pathologie. Je savais plus ou moins qu’on en vivait bien aujourd’hui donc je n’étais pas abattu pour autant.
Je n’ai pas dit grand chose, je m’attendais surtout à ce qu’on m’annonce un résultat négatif, comme prévu. On a refait le deuxième test de contrôle qui a confirmé évidemment le diagnostic. Il faut dire aussi que ma charge virale cassait la baraque, des millions de copie, donc c’était vraiment une primo-infection impressionnante, d’où les symptômes violents.
On m’a orienté ensuite dans un centre de santé spécialisé dans le VIH où j’ai été plus que bien accueilli et pris en charge. On n’a commencé le traitement qu’un an après, en effet à l’époque encore on attendait que le niveau de défense immunitaire baisse suffisamment, mais de nos jours le traitement immédiat dès le diagnostic apporte de meilleurs résultats, surtout en terme de réduction de contaminations en chaînes (le fameux 3 fois 90 pour les connaisseurs !).
Ainsi, comme annoncé plus haut, je venais à peine d’annoncer mon homosexualité à mes parents, j’allais donc me garder d’annoncer dans la foulée ma séropositivité ! Surtout que cela les aurait inquiétés plus qu’autre chose. Toujours aujourd’hui ils ne le savent pas, mais je leur annoncerai plus tard, quant ils verront bien par la force des choses qu’on vit décemment et normalement avec ce virus aujourd’hui.
Cela n’a pas changé grand chose sur le moment dans ma vie car j’avais d’autres problèmes à résoudre. Par ailleurs une opération des condylomes, sous anesthésie générale parce qu’il y en avait partout à l’intérieur, m’a beaucoup plus traumatisé par exemple. Ce n’est que lorsque globalement j’allais mieux dans ma vie personnelle que j’ai eu envie d’aider les autres, et il m’a suffit de croiser l’association AIDES qui faisait des dépistages pour que cela fasse « tilt », et je me suis immédiatement investi. Tellement que j’en ai fait mon travail trois années durant, en tant que salarié donc. Comme le dit Fred dans son blog, l’acceptation pour soi-même peut générer des envies d’altruisme et impliquer un engagement associatif, pour autant je nuancerai ses propos en précisant qu’on peut très bien le vivre sans pour autant vouloir aider les autres, à chacun sa vision.
Néanmoins, intégrer une association sur ce sujet permet de faire de belles rencontres, se faire des amis proches au sein de l’asso comme Fred et moi, ou des nouveaux amis par exemple lorsque j’ai dépisté un jeune homme en 2016 et qu’on est maintenant copains comme cochons.
On peut aussi intégrer cette association, ou beaucoup d’autres, pour participer à des temps collectifs, groupes de paroles ou séminaires, et ça fait du bien de ne pas se sentir seul et de participer à un combat commun, avec des gens qu’on n’aurait jamais rencontrés par ailleurs.
Aujourd’hui j’ai un copain, un chien, je travaille dans le centre de santé qui m’a pris en charge à l’époque (et qui me suit toujours) en tant que secrétaire médical. Le VIH n’est pas un sujet en soi aujourd’hui. C’est une épidémie qui continue de toucher beaucoup trop de gens chaque année, mais c’est un traitement à prendre tous les jours, et pis c’est TOUT. Comme un diabète ou une autre pathologie chronique. Par ailleurs je suis récemment passé à seulement 4 comprimés par semaine sans que cela change quoi que ce soit concernant ma charge virale. Beaucoup d’études se focalisent en effet sur l’allègement thérapeutique, parlez-en à votre médecin, et surtout respectez son avis, s’il est connaisseur bien sûr. Sinon changez de médecin 😉
Je suis très positif sur l’avenir de la prise en charge des patients VIH et sur les prochaines infections qui diminuent néanmoins. Nous vaincrons cette saloperie et ce ne sera bientôt qu’un vieux souvenir, comme la peste ou le choléra, avec toujours quelques cas dans le monde of course. Et j’espère que nous vaincrons aussi rapidement toute la serophobie ambiante qui signe et persiste.
La PrEP a permis à tout le monde de se détendre là dessus, en effet à quoi bon interroger son partenaire sur son statut sérologique quand on est protégé quoi qu’il arrive par ses comprimés ! Mais il y a encore du boulot, nous ne devons jamais baisser la garde mais toujours se permettre de rester optimiste !
Merci.
Antoine, 4 août 2019.

Crédit photo : @Pink_Flamingooo
Merci Antoine , pour ce partage ,je suis séropositif “sidéen”depuis 92 , je suis témoin “du vivre avec “et “comment vieillir avec”, je trouve sans jugement dommageable de dérouler cette contamination comme etant “presque ” une partie de plaisir je suis séropositif et paf et alors certains les traitement ce sont améliorés juste pour dt informer que j ai du changer par trois mon traitement en l espace de 2ans , là dernièrement le virus s adapte .positiver la vie avec le vih c’est une chose, mais desolé tu va sm en vouloir , mais c’est une succession de belles rencontres asso centres de soins , un boulot un copain un chien…Pense juste à l personne qui se dira c’est une partie de plaisir , sur cela , je ne suis pas d accord.c’est balayer des années de survie et cela continue pour de nombreux séropositifs , je comprend si des travailleurs sociaux lisent entre les lignes, pour ceux qui sont n ont plus de boulot de petits amiEs..a cause du vih , ils ne seront plus aidés.je ne di spas qu il faut faire du larmoiement mais il y a des maladies connexes qui se développe soit par l action du vih soit par les traitements . c’est une belle histoire celle que j aurai aimé vivre lors de l annonce de ma séropositivité..tout a été détruit
merci Antoine
Comment dire beau témoignage et plein d espoir mais je me pose la question es ce que c est pas plus facile d etre seropositif à Paris que dans une petite ville. Moi j ai eu droit à un TPE et c était complique d y avoir accès. Le médecin aux urgences me regardais comme un parias et il m a même orienté vers une PMI <c est un centre ou on suis les nourrissons)heureusement il y avait sidainfosservice merci à eux…et les centres aides il n y a pas de partout dommage…même dans ma ville montelimar il nous ont supprimé le centre d aide aux maladies infectieuses…voilà c était juste mon témoignage
Merci à Antoine pour son témoignage qui permet de faire débat. Je rejoins Vermont et Karim. Non pour moi le VIH n’est pas responsable d’une “maladie comme les autres” pour la laquelle on a “un traitement à prendre tout les jours et puis c’est TOUT”. Nous sommes inégaux devant les traitements dont les effets indésirables sont encore présents. Le suivi est parfois lourd et le risque plus élevé de comobirdités bien réel. Pour être une maladie comme les autres il serait nécessaire que la représentation sociétale de cette maladie évolue et que la sérophobie plus ou moins insidieuse dont nous sommes encore victimes se dissipe. Travailler dans le milieu VIH peut permettre de vivre sereinement au travail sa séropositivité. Je ne pense pas que ce soit le cas dans encore beaucoup de milieux professionnels. Oui, nous ne sommes pas différents parce que nous sommes séropositifs mais par de nombreux aspects, notre quotidien n’est pas positif. Ne nous le cachons pas, essayons d’améliorer cela et luttons pour une RDR efficace afin de limiter le nombre de nouveaux cas
Bonjour à vous, c’est moi “Antoine” 😉
En effet je ne l’ai pas précisé mais étant donné que j’ai été infecté en 2012, j’ai eu directement accès aux nouvelles trithérapies particulièrement efficaces. Bien sûr que les anciens traitements avaient des effets indésirables très nocifs, et que certaines personnes encore actuellement en subissent les conséquences. Je ne fais pas main basse sur le passé et sur les combats de l’ancienne génération, sans qui je ne serais pas là pour en parler aujourd’hui.
Et naturellement je ne le vis pas comme une chance d’être séropositif, mais je suis chanceux d’être bien entouré et suivi. En effet c’est paradoxalement plus facile d’être infecté en région parisienne car l’épidémie y est très concentré, mais justement plus facile d’avoir accès aux traitements et à un suivi médical adapté. Dans le centre dans lequel je travaille, certains patients viennent de loin pour voir leur médecin !
Par ailleurs, si je banalise volontairement la chose, c’est justement pour tenter de faire taire la sérophobie de certains, qui nous pensent encore ultra contaminants, dangereux etc, alors qu’il a été montré et démontré qu’une personne VIH sous traitement et en charge virale indétectable ne transmettait PLUS le virus.
C’est pourquoi je me focalise sur le positif, ce qui est le thème même de ce site.
Des bises !
Antoine
Merci une nouvelle fois Antoine d etre . présent dans la lutte nous aurons un jour je l espere la possibilité de se claquer une bise .oui c’est important ce que nous vivons ou allons vivre le plus important c’est d aller dans le meme sens , de briser cette discrimination