[TÉMOIGNAGE] Ludovic : “le VIH est comme une seconde vie. Je prends soin de moi”.

Je m’appelle Ludovic, j’ai 31 ans et j’espère que mon témoignage apportera courage force et soutient à celles et ceux qui sont dans l’ombre et dans le doute concernant leur VIH.

Je ne suis pas un grand militant, mais si je peux apporter une pierre à l’édifice face à ce combat contre le VIH et les IST, je le ferai d’une quelconque manière. Parce qu’il est grand temps de sortir de l’ombre et de lutter contre toutes formes de sérophobie.

Depuis très longtemps, j’ai des relations sexuelles non protégées, mais j’avais souvent tendance à croire que cela, en parlant de la maladie, n’arrivait qu’aux autres. N’ayant aucun symptôme apparent, je me suis toujours senti “invincible”. Ce n’était qu’un leurre.

Les années durant. Je m’étais peu informé sur le VIH et les manières de contracter toutes ces IST. Une peur sans doute des hôpitaux, s’était installée depuis l’enfance. Je ne parle pas d’une simple peur, mais d’une réelle phobie: hôpitaux, médecins, docteurs, chirurgie, vaccin, injections, bref, tout ce qui touchait au corps médical me donnait froid dans le dos.

Les années continuèrent de passer…. jusqu’en 2019 ou j’ai commencé à me poser des questions sur ma santé sexuelle. Ce qu’il en était, ou j’en étais.

Et puis, c’est par au hasard d’une rencontre lors d’une partouze au printemps dernier, que je l’ai rencontré. Un garçon pour qui j’ai eu un coup de cœur réel. Des sentiments naissent et grandissent, mais nous le savons tous les deux, il n’y aura pas d’histoire d’amour, celui avec le grand A. Celui dont tout le monde parle en disant “ma moitié”. Je l’appelle donc “Mamour”. Et pourtant, il aura fallu un garçon pour me convaincre de surpasser cette peur des hôpitaux et de l’univers hospitalier.

C’est donc cet été, en août 2019, que je décide se franchir le cap, et je fais mes dépistages au Ceggid de L’hôpital Bichat. Des heures d’attentes interminables. Les dossiers et prélèvements sont faits. Plus que quelques jours à attendre avant d’avoir les résultats…

Une semaine plus tard je réponds positif à plusieurs IST dont le VIH. Je suis très vite soigné pour certaines d’entres elles, mais le plus gros reste le VIH. Je me souvient encore de la manière dont la doctoresse m’a annoncée la nouvelle. Mon regard vide, absent, qui se remplissait de larmes. Elle voulait me prendre dans ses bras telle une maman protégeant son fils. Et elle l’a fait.

Me rassurant, elle ma guidé, conseillé, et redirigé vers d’ autres médecins et infirmiers qui m’ont très vite pris en charge. Je n’en reviens toujours pas de la vitesse à quelle point tout s’est fait. A peine un mois plus tard ma charge virale est passés indétectable.

Mais la peur de contaminer d autres mecs restait toujours présente. Tout ceci était encore tout nouveau pour moi. De cette peur, j’ai eu ma libido qui a fort diminué jusqu’à présent. Même les plaisirs solitaires ne valaient plus rien. Aujourd’hui j’apprends à prendre soin de ma santé sexuelle, je prends désormais une petite pilule tous les soirs à heure fixe, qui me permet de toujours rester Indétectable donc Intransmissible (I=I ou U = U)

Je remercie grandement toutes les personnes que j’ai pu rencontrer après ce passage à vide, que ca soit des militants activistes LGBT, dans la lutte contre le VIH/IST, des amis très proche, “Mamour” sans qui je n’aurais jamais eu la force de franchir le pas dans un Ceggid, ainsi que le tout Twitter.

Car en octobre dernier, le poids du VIH était bien trop fort sur mes épaules, je ressentais ce besoin de parler, de me confier, et je l’ai fais via un long thread sur Twitter. Et c’est là, que j’ai pu me rendre compte qu’il y avait des gens très bienveillants. Je ne les remercierais jamais suffisamment d’avoir été là. Alors certes ce n’est qu’un écran et une application me direz-vous, mais après tout, des mots sincères, et du soutient n’est-il pas important lorsqu’on traverse quelque chose de dur. Une véritable vague de soutient.

Je remercie grandement et infiniment ceux qui ont su m’écouter, me rassurer. J’ai eu ce besoin de parler, de communiquer longtemps. J’ai su trouver la force de ne pas m’isoler, et de parler et je sais que j’ai eu de la chance. Tout le monde ne l’a pas Et je voudrais dire à celles et ceux qui se découvrent nouvellement séropo, qu’il faut parler coûte que coûte. Ceux pour qui la cause les sensibiliseront sauront être une écoute active.

Maintenant j’appréhende beaucoup mieux mon VIH, et je suis (VIH)vant et plus heureux qu’avant. Je pense qu’il est fort important de parler de ces sujets liés à l’intime chez les garçons, notamment le suivi procto, car on en parle pas suffisamment.

J’ai pris conscience que la santé sexuelle est importante, il ne faut pas la négliger ou en avoir peur, j’espère que mon témoignage donnera force et courage à d autres qui n’osent pas franchir le pas d’un hôpital. Si j’avais lu et vu d’avantages d’articles, de médias, de témoignages de personnalités publiques ou anonymes, sur le VIH et les IST, les différents examens et leurs déroulement (en détails si j’ose dire) j’aurais sans doute eu moins peur.

Alors encore une fois un grand MERCI solennellement à tous ceux qui ont été là. Comme l’a dit Fred Colby (militant VIH/LGBT et contre la sérophobie), que j’ai eu la chance de rencontrer ” nous sommes des gayrrier”. Cette phrase a tout son sens, et m’a beaucoup marqué.

Désormais je l’emploie souvent. Mais c’est aussi une réalité. Être gay relève d’une grande bataille (homophobie, coming out, sérophobie, discrimination même entre homos, follophobie, grossophobie etc…), nous sommes des gayrriers.

Je pense qu’à une ère où nous sommes victimes de discrimination diverses, il est grand temps de se soutenir. A ce jour je n’ai pas été victime de sérophobie, et je sais que si je rencontre des personnes hostiles à mon VIH, autant j’aurai beau faire des jolies discours de préventions, autant il serait préférable d’arrêter de discuter avec des gens incultes et ignares.

Aujourd’hui , je milite avec AIDES Paris 8, et Séropotes, mon VIH est comme une seconde vie, une sorte de renaissance. Je prends soin de ma santé sexuelle et globale, j’ai mes rdv tous les 3 mois, je ME prends en charge. Et Je reste totalement transparent et honnête sur mon statut sérologique auprès de mes partenaires (ir)réguliers.

Voilà si cela peut aider. Bien que cela reste encore frais dans ma tête, il me faudra au moins un bonne année avant de faire un premier bilan, mais je reste confiant en l’avenir.

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